Contrairement peut-être à l'époque actuelle, nous étions totalement imperméables au monde des grandes personnes. L'absence de médias (télévision et radio faisaient tout juste leur intrusion dans les foyers les plus aisés), nous préservait encore du monde des adultes. L'insouciance était notre guide, la liberté notre compagne de découvertes. Le soir, la Bibliothèque Rose ou Verte nous faisait rêver avec les aventures du Club des Cinq, du Clan des Sept, de Fantômette ou pour les plus petits de Oui-Oui. Ceux qui avaient la chance d'avoir un poste de télévision, pouvaient s'extasier devant Rintintin, Nounours, le Manège Enchanté ou trembler devant La Belle et La Bête, premier film « d'horreur » en noir et blanc que nous ayons vu.
À l'école le tablier était obligatoire et l'instituteur – véritable personnage emblématique – distribuait bons points qui se transformaient en images et bonnet d'âne ou lignes à recopier à l'infini !
Les encriers encastrés dans la table en bois recevaient l'encre violette qui se répandait en taches monumentales sur nos cahiers de calcul, de rédaction ou de morale. Heureusement pour nous, les stylos Bic allaient bientôt arriver.
Le jeudi nous n'allions pas à l'école et une fois les devoirs expédiés, nous passions l'après-midi à jouer à la balle au prisonnier, à la marelle, aux billes, aux osselets lorsque le temps le permettait. L'hiver, les jours de pluie nous voyaient attablés autour d'un jeu de dominos, de maquette à construire et à peindre ou à feuilleter le Journal de Pif. On lisait les aventures de Totoche, de Corinne et Jeannot, de Jujube et Gai-Luron puis très inspirés, nous prenions notre boite de crayons de couleur pour, à notre tour inventer des histoires à dessiner.
À l'heure du goûter, nos mères nous préparaient du pain avec de la confiture, ou des tartines beurrées et saupoudrées de Banania. Certains se régalaient d'une tranche de gros pain huilée, frottée d'ail et recouverte de tomates fraîches – par la suite devenus adolescents nous enlèverions l'ail de ce menu, les premiers baisers n'y auraient pas survécu !
Déjà, les seventies se profilent à l'horizon. Cette décennie si particulière nous emporte vers les délicieux tourments de l'adolescence. Mais ceci est une autre histoire... à découvrir avec :
