Évoquer le XVIIe siècle en quelques lignes est évidemment impossible à réaliser; c'est pour cette raison que le résumé que j'en ai fait concerne notre région et commence à partir du traité des Pyrénées en 1659 puisqu'il est évoqué dans le roman bien que Colin, le personnage principal du livre soit né en 1680. Le traité des Pyrénées signe donc la paix le 7 novembre 1659 entre le royaume d'Espagne et celui de la France de Louis XIV en guerre depuis 1635. Ce traité repousse la frontière à la "ligne de crête des Pyrénées" d'où l'abandon des forteresses royales de l'Aude comme Aguilar ou Durfort. Cette formulation assez vague, génère des conflits locaux, il faudra attendre deux siècles pour que ce traité soit clarifié par le traité de Bayonne qui dote la frontière de 602 bornes matérialisées sur le terrain. La fin du conflit avec l'Espagne permet un essor économique : Les cultures reprennent mais peu à peu, céréales et troupeaux laissent la place aux vignobles. Le commerce s'intensifie et grâce au canal Royal inauguré en 1681 les échanges deviennent plus nombreux, plus réguliers.
La population se compose en majorité familles de paysans plus ou moins nantis. Les plus pauvres : les manouvriers louent leurs services et peinent à se nourrir, les plus riches possèdent des terres sur lesquelles poussent leurs cultures et paissent leurs troupeaux. On rencontre aussi des artisans : potier, tonnelier, charron, tisserand... et des figures emblématiques comme le berger, le cabaretier, le maître d'école ou le meunier et tous sont soumis à l'impôt, qu'il soit prélevé pour l'église (la dîme portant principalement sur les revenus agricoles mais aussi sur la production artisanale ou le fruit du travail) ou pour le seigneur : la taille (basée sur les cadastres ou compoix), la gabelle (impôt sur le sel) étant dans notre région un léger système de contributions.
Le curé est aussi une figure représentative des villes et villages du XVIIe siècle. En plus des offices et des sacrements, il est quelquefois maître d'école, apprend aux jeunes enfants à lire, à écrire entre deux leçons de catéchisme. Il entretient avec la population de bons rapports car il tolère ou feint d'ignorer les rites, coutumes ou processions non reconnus par l’Église jusqu'à la fin du siècle ou un durcissement du clergé va se mettre en place, les nouveaux prêtres séminaristes envoyés sont rigoureux et entendent faire respecter la religion au grand dam des villageois. Enfin le seigneur logé dans son château possède des terres, des troupeaux mais aussi le pressoir, le four, le moulin dont l'accès aux villageois est payant. Il exerce son droit de justice par le biais d'une cour ou d'un seul juge qui règle les différents et les querelles de voisinage.