La lecture ci-dessous intitulée : Ce corps cet étranger - site Néominder by Mishako - peut apporter certaines explications au comportement d'Emma, le personnage principal du roman... bien qu'il soit bien sûr une œuvre de pure fiction.
Vous êtes vous déjà retrouvé(e) face au miroir, à vous demander : est-ce moi, cette personne ? Ce visage ? Ce corps qui me semble étranger ? Comment se sentir soi-même, dans ce corps qu’on peut parfois rejeter ? Comment réconcilier l’enveloppe charnelle et notre esprit qui semble souvent le véritable maître à bord, l’unique expression de soi ? Comment se sentir moins prisonnier(ère) des douleurs physiques ou bien de nos complexes ? Et si l’une des clés était de comprendre les relations entre corps et esprit…
Corps et esprit : deux vases communicants ?
Est-ce le corps, ce tentateur, qui nous pousse à manger jusqu’à la déraison ? Ou est-ce l’esprit qui prend peur à l’idée de manquer ? Ou bien, qui cherche à combler un vide immense ? Je me suis souvent posé la question, en proie à de grandes fringales, notamment lors de périodes intenses de travail. J’aimerais pouvoir saisir les rennes et dompter ces désirs souvent insensés. Saisir les rennes et dompter le « cheval fou ».
La question de la relation entre corps et esprit a été constamment abordée dans la littérature ou en médecine.
Dans cet article [Quand l’esprit dialogue avec le corps], il est mentionné que « nous opposons le corps et l’esprit comme s’il s’agissait de deux entités distinctes, mais cette division n’a plus tellement de sens du point de vue scientifique moderne ». En effet, le système nerveux est impacté par les fluctuations hormonales ainsi que par le système immunitaire. Un déséquilibre sur l’un impacte alors les autres. Par exemple, des personnes soumises à un stress émotionnel présentent sur IRM une activité cérébrale plus élevée que la moyenne dans des zones liées à la douleur.
D’autres études ont prouvé un lien tangible entre corps et esprit. L’effet placebo, les maladies psychosomatiques, ça vous parle ?
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le médecin K.Beecher monte un protocole expérimental et étudie l’effet de la morphine et d’un placebo sur deux groupes de blessés.
Le 1er groupe reçoit de la morphine, le 2nd reçoit uniquement une solution saline. Or, plus de 35% des patients « traités » avec le placebo constatent une diminution de leurs douleurs.
Corps et esprit : où se place mon identité ?
« Car moi, le mutilé de la face, je ne vieillirai pas. La guerre m’a fait vieillard à vingt-quatre ans. Je n’ai pas eu le courage de me suicider. J’ai eu le courage de
ne pas me suicider. La rancœur, l’aigreur menacent. Je fais face à l’ennemi intérieur. »
Marc Dugain, La chambre des officiers.
Dans cet article [« La vie sans visage », Armand Rouleau regarde en face les Gueules cassées publié sur CultureBox], on découvre alors que le corps, plus particulièrement le visage, incarne le « principal support de l’idée que l’on se fait de soi-même, de son identité ». Par exemple, c’est sur le visage que l’on observe le plus simplement nos ressemblances avec notre fratrie ou avec nos parents. C’est un visage que l’on retient le plus pour identifier un ami, une connaissance, ou l’être aimé. Quand le visage est abîmé, c’est toute une partie de notre identité qui est ébranlée.
Au-delà du corps, l’identité est pourtant intiment liée à l’esprit, et à notre perception mentale. Par exemple, selon le philosophe John Locke, « ce qui fait d’un être une personne, c’est la conscience qu’il a de lui-même ». En somme, que nous soyons une substance matérielle, immatérielle, ou même les deux, n’est pas ce qui compte. Tout ce qui joue sur notre identité, c’est la perception que nous avons de nous-mêmes.